Actualités 2019

"Femmes biographes"

L'histoire d'un paysage culturel, suite

Savennières Clos du Papillon et l'église Photo Philippe Caharel © La culture de la vigne en Loire et Maine date des environs de l’an 276, lorsque l’empereur romain Probus étendit à tous les Gaulois le droit de planter de la vigne ou du siècle suivant lorsque l’évangélisation de l’Anjou entraîna l’extension du culte chrétien et l’usage du vin.

Limitée d’abord aux terrains des abbayes d’Angers, la culture s’est étendue sur les coteaux de Pruniers et Bouchemaine au IV° siècle et probablement sur ceux de Savennières ensuite. En 1053, le comte d’Anjou, Geoffroy Martel (1006-1060), fonde une collégiale à la chapelle du château d’Angers et donne fiefs et terres à Bouchemaine. En 1191, Jean sans Terre cite les vins d’Anjou parmi ceux dont on fait principalement usage en son royaume et en achète. Le roi René lui-même fut très favorable à la culture viticole autour d’Angers.

Une bataille décisive eu lieu en 1214 : la bataille de la Roche aux Moines, qui permit à Philippe II de rattacher à son petit royaume de France les provinces d’Anjou et du Maine en faisant fuir le dit Jean sans terre, comte d’Anjou, de la famille des Plantagenet, devenu roi d’Angleterre. La forteresse de la Roche aux Moines qui verrouillait la Loire dont la dernière tour s’est écroulée après-guerre, est demeurée longtemps dans le paysage comme témoin de cette page d’histoire du royaume de France. Des moines cisterciens fondèrent un petit monastère dans la Coulée de Serrant et plantèrent de la vigne au XII° siècle.

La culture de la vigne avait donc jusqu’alors un caractère monastique et seigneurial, le bail à complant favorisa l’extension de cette culture. Avec leur déclin, les grandes abbayes cédèrent des surfaces en fiefs à des vassaux en échange d’un cens en nature ou en argent. Les seigneuries rurales se multiplient. Le château de Chamboureau, le château d’Épiré, le château de Varennes, le fief des Vaults étaient déjà à la renaissance de jolis manoirs, marqueurs du paysage, signes d'une certaine richesse : celle de notables d’Angers. Ces éléments architecturaux sont maintenant en partie effacés : détruits ou enchâssés dans les architectures du XIX° siècle.

Au XVIII° siècle, ces petits seigneurs rendaient aveu à Antoine-Philippe Walsh, comte de Serrant, pour sa terre seigneuriale : "avec les grands jardins, terrasses, vergers et bosquets etc.… qui furent anciennement le château de Savennières... s’ensuivent les vinages rendables à mon pressoir au dit bourg.""

La fin du XVIII° et surtout le XIX° voient le paysage se transformer avec l’arrivée d’investisseurs de la finance parisienne attirés par la renommée du vignoble et la modernité : Le chemin de fer qui promettait un moyen de transport fiable remplaçant la Loire ensablée et dangereuse, jusqu’alors seul moyen de transport des marchandises.

Un nombre impressionnant de propriétés s’établit sur les coteaux ou sur les pentes dans des styles variés, en général sobres et élégants. La mode des jardins paysagers ou parcs agricoles développée par le Comte de Choulot et le pépiniériste André Leroy séduit les propriétaires qui vont créer des parcs, des arboretums, des jardins de toute beauté mettant en scène les demeures et la vigne avec des allées majestueuses ou poétiques qui mènent le visiteur vers les vues les plus spectaculaires des coteaux de vigne.